fb

Date de mise à jour : 01/04/2024 (44 nouvelles épaves, 35 mises à jour, 55 nouvelles photos et images)

S/S WAR SONG
(1917-1918)
Pavillon britanniquePavillon de W. France, Fenwick & Co

WNW du Pilier
Canonné, le 15 janvier 1918

War Song
Lancement du War Song

Caractéristiques

WAR SONG, cargo N° officiel 140438, lancé le 25 juillet 1917 sous le nom de LAKE ARTHUR par le chantier américain Detroit Shipbuilding Co., Wyandotte (yard 209) pour le Gouvernement Britannique.

Il mesure 251 x 43,8 x 26,3 pieds pour un tonnage brut de 2535 tonnes. Il est propulsé par une machine trois cylindres construite par le chantier.

Il est confié au management de W. France, Fenwick & Co, Londres (2), pour servir de transport aux matières premières de guerre.

Le naufrage

Lors de son retour de Bilbao, il est arraisonné et coulé au canon à 12 milles dans l'ouest de l'Ile de Sein, par le U 84 (Walter Roehr) qui rentre à sa base.

"Le mardi 15 janvier, en pleine tempête, toute la population de l'île est en émoi. Un canot monté par 20 hommes, constituant partie de l'équipage du steamer W…, est venu se jeter dans les brisants si dangereux de Port-Caïk. Groupés sur la plage, la digue et les rochers, les insulaires sont là haletants, terrifiés, impuissants devant ce drame sinistre. Cette torture !
Au moment où le recteur de l'île, monté sur un roc élevé vient de dessiner le geste de pardon, une lame terrible chavire l'embarcation : "Ma Doué ! Il est perdu !" crie-t-on de tous côtés. Un instant après, le canot, remonté à la surface, reparaît la quille en l'air ; quatre ou cinq hommes se cramponnent désespérément, pendant que leurs compagnons, dispersés dans l'écume, luttent contre l'élément déchaîné. Ils portent heureusement des ceintures de sauvetage. On voit leurs têtes émerger. L'émotion est à son comble. Soudain, des jeunes hommes accourent. C'est un groupe de matelots et de poilus en permission qui assistaient au repas de noces d'un de leurs camarades, et qui ont planté là la fête pour courir sus au danger, le nouveau marié en tête. L'émotion décuple leurs forces. De leurs bras vigoureux, ils soulèvent un canot qu'ils font passer par-dessus la jetée. Le père Mathieu Porspoder, un vieux loup de mer, saute dedans avec cinq ou six de ces braves et les voilà qui souquent sur les avirons. Plusieurs , ne trouvant pas de place dans le canot, se jettent à la mer. Parmi eux se font remarquer les hardis marins du petit sloop qui fait le service de l'île à Audierne. Guillaume Jaouen, 17 ans, le meilleur nageur de l'île, s'avance. On le voit bondir sur les vagues énormes, puis disparaître. Un instant après, il reparaît, ayant accroché un naufragé qu'il tient par les cheveux. Il nage vers la côte, laisse son homme aux mains d'autres personnes, puis il retourne lutter contre la mort et le voilà de nouveau dans les brisants d'où il arrache une seconde victime. Corfdir, Jean-Yves, 18 ans, rivalise d'héroïsme avec son camarade. Dans le terrible ressac, il vient de saisir un naufragé, quand il entend des cris d'enfant appelant sa mère. C'était le petit boy (mousse) qui se débattait dans les flots. "Oui, oui, mon petit, lui dit Corfdir, je suis à toi !". En deux "brasses, il le rejoint et, comme il est d'une force peu commune, il franchit les brisants avec sa double prise et passe l'enfant à un autre brave sauveteur, François Spinec. Louis Guilcher, 2eme maître mécanicien, en permission, n'a pas été moins admirable. Il sauve a lui seul trois victimes, mais à bout de forces, on doit le sauver lui-même.
Malheureusement, sept hommes sont restés la proie de l'Océan. Le lendemain et le surlendemain, on retrouva leurs cadavres qui furent ensevelis dans des draps, le bois faisant défaut. Chaque cadavre était recouvert du drapeau tricolore. Au moment de l'enterrement, le petit mousse suivait, portant le drapeau anglais.
Un torpilleur de Brest vint prendre les treize naufragés. On ne saurait dire combien la séparation fut émouvante. Les malheureux embrassaient, leurs sauveteurs ; on n'entendait que : "Hip ! Hip ! Hourrah ! French !"
A leurs bravos, les îliens répondaient de toutes leurs forces : "Vive l'Angleterre!"

Memorial de Sein
Mémoriel à Sein

Le naufrage fera en fait 19 victimes, dont 6 seulement sont enterrés au cimetière de l'île de Sein : AUDIGIER CHARLES LOMBARD, marin. BROWN M. T., Steward. GOULDING WILLIAM PATRICK, Second Officier. HOLLINGSWORTH , J Second ingénieur. MURGATROYD A. E. Artilleur. RAMSAY JAMES RANKINE, Maître

Les Victimes

Abdullah Saleh, Fireman and Trimmer - Abdus Hamid, Bhandary - Ali Jumma, Fireman - Audigier, Charles Lombard, 16 ans, Boy - Brown, M.T., , Ship s Steward - Fleming, Alfred Stalker, 41 ans, First Engineer - Goulding, William Patrick, 52 ans, Second Officer - Hollingsworth, J., 29 ans, Second Engineer - Muhammad Bin Ali, Sailor - Muhammad Zamin, Fireman and Trimmer - Ramsay, James Rankine, 48 ans, Mate - Rasmussen, A, 25 ans, Carpenter - Said Umar, Donkeyman - South J.G., 47 ans, Master - Tepsich, J, 30 ans, Boatswain .

Position

Carte du naufrage

Zone : W Iroise - 48 05 30
Latitude : 48° 03', 5069 N - longitude : 005° 14', 4674 W
Il s'agit peut-être du SHOM (14585073)

Notes

1. Detroit Shipbuilding, d'abord Gordon Campbell & Co., plus tard Campbell & Owen a été acquis par Frank Kirby en1871 et fusionné au Detroit Dry Dock en 1874. Detroit Dry Dock a acquis le Wyandotte Shipbuilding en 1878. Thomas Edison et Henry Ford ont travaillé comme apprentis au Detroit Dry Dock. Kirby a vendu sa compagnie à l'American Ship Building Company en 1899, qui s'est renommée : Detroit Shipbuilding. Elle s'est réorganisée en chantier naval à Wyandotte.

2. Les familles Fenwick et Stobart étaient impliqués dans le commerce du charbon de Sunderland à partir du milieu le dix-neuvième siècle. Ils ont fusionné leurs intérêts à Londres en 1894 comme Fenwick, Stobart and Co avec 3 navires et 1 voilier, avec une filiale de W. France qui avait 4 pnavires. Ils ont été essentiellement impliqués dans le commerce du charbon,vers les pays baltes et le Canada (un navire mettait 6 mois de New York à l'Australie).
William France, Fenwick et la Co. est né le 10 juillet 1901 par la fusion des trois compagnies, William France, Fenwick, Stobart et Co. et H. C. Pelly. La compagnie a été confinée au commerce du charbon de la côte Est Nord-Est à Londres et est devenus l'un des plus grands propriétaires de mines en Grande-Bretagne.

Sources

S.H.M. Vincennes (SSG N° 6825, D 7744, C 66) ; "British Vessels Lost at Sea 1914-1918" by HMSO, 1919 ; The National Archives, Kew (BT 110/439/50 : Ship War Song, official number: 140438. When built: 1917. Registry closed: 1918) ;